top of page
Rechercher

L’effondrement.

Je le sens arriver, et ça me plait.

Dans moins d’un mois : plus de revenu, plus de maison.

Je trouve excitant l’idée de tout perdre, de ne plus pouvoir tomber plus bas, de lâcher toutes les étiquettes qu’on a pu se coller, de faire peau neuve.


Dur de poser ces mots avec le contexte, je sens une forme d'indécence et en même temps c'est ce que je vis à ma petite échelle d'humaine...

Il y a dans ce voyage une mise à nue, inévitable et même souhaitable.


Enfant, j’ai souvent envié les orphelins, ceux qui avaient un problème visible, «(re)connu », comme des parents qui avaient divorcé, un père alcoolique, absent ou mort, un frère handicapé…

C’est peut-être irréel ou choquant de souhaiter de telles choses mais j’aurai voulu : qu’on m’accorde ce petit quart d’attention en plus dont j’avais l’impression que « ces enfants-là » profitaient et qui les mettaient à l’abri de certaines remontrances ou excès d’humeurs de la part du corps éducatif et des autres adultes.

Quelque chose qui justifie la souffrance impalpable que je ressentais dans mon cœur.

Ce sentiment d’injustice, de malaise dans ce monde, de ne pas être à ma place, de ne pas avoir de place.


N’ayant aucun motif tangible qui aurait pu expliquer le chaos qui m’animait à l’intérieur,

Quand il se présentait à l’extérieur de moi : je me sentais en paix.

Je me sentais vivante.

J’étais à ma place.

Marchant sur un fil.


Que ce soit un danger imminent, un gros orage sur le point d’arriver en plein campement, un accident de la route, une agression …


Quand les autres perdaient leurs moyens, je faisais preuve d’un grand calme en trouvant les solutions qui étaient nécessaires.


La mort ne m’effraie pas tant que ça (enfin je crois).

J’ai un flair pour la sentir quand elle rode autour.

Comme l’odeur des premières gouttes de pluie sur le béton mouillé, qui nous font percevoir l’atmosphère refroidir, juste avant que le vent ne se lève,

Que la tempête n’emporte tout avec elle...



Dans ce goût de mort, il y a la renaissance.

Une des autres faces de ce cycle qui nous lie à chaque instant.

Résilience rime aussi.


Je me souviens de cette chanson de Bullets de Tunng dont les paroles disent à un moment : « so sweet to lose a friend » (il est si doux de perdre un ami).

Je m’étonnais moi-même de tant aimer ce passage qui révélait à mon sens le caractère immortel de l’amour et me laissait entrapercevoir que même dans l’absence physique, l’amour demeure.


Que nous sommes peut-être même plus proches de nos aimés quand ils sont morts physiquement.


Renaissance.

L’heure sonne,

Comme à chaque minute,

À chaque seconde.


Certaines ont un gout plus prononcé.

Quand l’ego brûle de toutes parts,

Il ne reste bientôt que la fumée.


Quelle forme apparaitra ?


Envie de vous partager cette image de Kali qui résonne fort en moi en écrivant ce texte.

Kali est la déesse du temps, de la mort et de la délivrance.

Déesse hindoue mal comprise dont le nom vient du mot racine sanskrit Kal qui signifie temps, elle est une forme de la déesse Parvartî, la femme de Shiva.

Elle n’apporte pas la mort comme on peut le croire en regardant ses représentations mais la mort de l’ego. Ceux dont elle est souvent représentée en tenant les têtes coupées sont des démons. Il y aurait beaucoup plus à dire sur elle mais voilà déjà un petit aperçu.


Je me souviens aussi d’un passage pendant un cours de catéchisme, qui m’avait énormément interpellée.

Ce moment où Jésus dit à un homme riche : «Va, vends tout de ce que tu as, donne-le aux pauvres puis viens et suis-moi.» (Mt19,21).

Du haut de mes 12 ans, je m’étonnais en mon fort : « doit-on vraiment tout laisser pour suivre Jésus ? En serais-je vraiment capable ? ».

Je crois qu’une part de moi en rêvait de ce dépouillement total.


En même temps je suis née dans une opulence ahurissante, je n’ai jamais pu saisir les montants dont on me parlait, le référentiel du microcosme dans lequel j’habitais était incommensurable.

Cela ne m’a pas vraiment rendu plus heureuse, au contraire, l’argent a pourri bien des relations et des êtres humains autour de moi nous figeant dans un monde d’apparat.


Bien sur, chacun doit faire sa propre expérience de l’argent pour en tirer ses leçons.

Moi je sens qu’il y a celle-là qui m’appelle depuis longtemps, qui se rapproche de la nature, qui se dépouille, qui remet du sens dans chacune de ses actions même la plus simple en faisant sa lessive soi-même avec des produits naturels.

J’aimerais bien que tout cela ne sonne pas comme une position de martyr, je le fais avec une grande joie, de grandes peurs aussi mais au-delà de tout une confiance totale en la vie et ce que l’univers a prévu pour moi.


Écrire tout cela c’est m’entrainer à raconter cette histoire que je souhaite voir en images, en cercles et en chansons dans mon projet de documentaire, me connaitre un peu mieux et puis toujours cette envie de transmettre…


Je sens que ce dépouillement m’est salutaire et qu’il le serait pour la planète entière <3


Avec amour,

Julie

La chanson Bullet

https://www.youtube.com/watch?v=AI1NgFYJCN4

33 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page