Petite Bulle et Grand-Père Soleil

- Dis Grand-Père Soleil, comment faire pour retrouver le goût de la vie quand je ne parviens plus à trouver de raisons d’être ?

Je sais que tout part de moi et que je suis le changement que je veux voir dans le monde, mais si je ne trouve pas de point de départ …?

- Comme il est sage de vouloir commencer par regarder en soi ma chère Petite Bulle. Parfois, on oublie juste que notre esprit est trop embrouillé et que chercher à tout prix à chasser ses pensées noires sans y parvenir ne fait que renforcer le mal-être que l’on ressent.

Imagine-moi, le soleil, si je ne fais que de me regarder moi-même, je ne pourrais que ressentir la brûlure du feu que je dégage et elle va me consumer. J’ai besoin de voir la lune et de percevoir sa fraicheur, j’ai besoin des étoiles et de leur lumière, de la Terre, de la voie lactée, de les sentir tout autour de moi pour me relier au monde.

- Alors pour commencer à m’aimer, je dois regarder autour de moi ?

- Oui, contemple à l’extérieur de toi la richesse du monde qui t’entoure plutôt que de te concentrer sur ce que tu crois ne pas avoir et ne pas être. Ce que tu vois du monde te révèle ton état émotionnel et ta vision des choses qui est unique. Familiarise toi avec elle en apprenant à être seule.

- J’essaye mais je n’arrive pas à voir le beau dans ce que je regarde. Je me sens grise, sans envie, et tout me paraît fade.

- C’est un état d’esprit auquel tu es habituée. Tout ce qui est ancré depuis longtemps demande de la volonté pour être transformer. Tu peux commencer par écrire ce que tu perçois des gens autour de toi, des choses, des animaux, de la nature. Qu’est-ce qu’ils te disent ?

Si ce théâtre de la vie ne t’évoque que de la noirceur, écris-le. Et va la rencontrer. Écris ton dégout, ta colère, ta tristesse, ton amertume, ton envie, ta lassitude... Plonge-y complètement, ne fais pas semblant.

Mais ensuite, cherche la lumière. Et décris-là tout aussi parfaitement.

- Grand-Père Soleil je l’ai fait. Et j’arrive à voir la lumière de chacun. Parfois je me sens même comme au milieu d’un arc-en-ciel quand je regarde les autres, je distingue la beauté de leur singularité, de leur couleur unique et sublime. Je me sens heureuse de les voir éblouissants mes yeux; et puis soudain la tristesse m’envahit, et je me demande quelle est ma couleur à moi ? Je ne la vois pas. Alors, je me sens inutile, j’ai envie de disparaître et de continuer à contempler le monde et les autres depuis ma bulle.

- Je comprends, cela demande beaucoup de courage quand on ne connaît pas sa couleur d’aller vers les autres, de se relier à eux. Ta couleur c’est ta valeur, tes talents, tes rêves, tes ombres et tes lumières. Elle évolue tout le temps. Pour la connaître mieux, il faut en essayer plein. Parfois tu verras une couleur si belle que tu voudras exactement la même. Tu peux t’en inspirer, t’y frotter mais après un peu de temps, n’oublie pas d’expérimenter une autre nuance, et même une couleur qui n’a rien à voir ou qui ne te plaira pas du tout à priori !

Avec le temps, tu verras ta couleur se magnifier et tu nourriras des envies de tableaux bien précis dans ta vie, des grands, des sombres, des lumineux, des petits, des esquisses… Tu te mettras à choisir avec plus d’attention les couleurs qui rentreront dans ta vie et leur vibration car tu sauras que chaque pigment laisse des traces sur ton empreinte à toi.

Et puis tu joueras à changer de tableaux, de teinte et tu commenceras à les aimer toutes aussi passionnément.

Et alors tu verras Petite Bulle, que tu n’es pas qu’une seule couleur. Comme un prisme, comme un diamant, tu en sèmes partout sur ton passage et tu dessines des arcs-en-ciel dans le monde, car tu es un pont entre la terre et le ciel.

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Texte : Julie Stories Bonnemoy

Photo : Juan Gonzalez